Résilience et volonté de s’engager : l’histoire du 2e Bataillon de construction du Canada
- 16 févr. 2023
- Histoire
- 6 minute de lecture
Pour le Mois de l’histoire des Noirs, la Monnaie célèbre l’histoire militaire des personnes noires au Canada avec une pièce qui rend hommage au 2e Bataillon de construction, la plus grande formation de l’histoire militaire canadienne de la taille d’un bataillon composée entièrement de personnes noires.
Non seulement les membres du 2e Bataillon de construction du Canada ont servi avec distinction, mais ils ont risqué leur vie pour défendre des droits et libertés auxquels ils n’ont pas toujours eu droit avant, pendant et après la Première Guerre mondiale.
Découvrez leur histoire et l’importance de préserver et d’honorer l’histoire militaire de notre pays, surtout ses pans parfois oubliés.
Pour le Mois de l’histoire des Noirs, la Monnaie célèbre l’histoire militaire des personnes noires au Canada avec une pièce qui rend hommage au 2e Bataillon de construction, la plus grande formation de l’histoire militaire canadienne de la taille d’un bataillon composée entièrement de personnes noires.
Non seulement les membres du 2e Bataillon de construction du Canada ont servi avec distinction, mais ils ont risqué leur vie pour défendre des droits et libertés auxquels ils n’ont pas toujours eu droit avant, pendant et après la Première Guerre mondiale.
Découvrez leur histoire et l’importance de préserver et d’honorer l’histoire militaire de notre pays, surtout ses pans parfois oubliés.
Fierté et persévérance
Le 4 août 1914, le Canada entre en guerre. Bien que les Canadiens soient nombreux à s’enrôler pour la Première Guerre mondiale, certains se butent à des obstacles à caractère raciste. Dans les deux premières années de la « Grande Guerre », des centaines d’hommes noirs tentent de devenir membres du Corps expéditionnaire canadien (CEC), mais la plupart sont rejetés parce qu’ils sont noirs.
Les Canadiens noirs et leurs alliés blancs font quand même pression pour que l’enrôlement des personnes noires soit permis. En fin de compte, lorsque la Grande-Bretagne demande plus d’unités de travail au Canada en 1916, l’armée met sur pied un bataillon de travail ségrégué – le 2e Bataillon de construction.
Source : Avec la permission de la collection du lieutenant-colonel D. H. Sutherland, River John (Nouvelle‑Écosse)
Surnommé le Bataillon noir, le 2e Bataillon de construction est formé le 5 juillet 1916 à Pictou, en Nouvelle-Écosse, avant d’être relocalisé près de Truro. L’unité enrôle plus de 600 hommes du Canada et d’ailleurs : bon nombre de ses membres viennent de la Nouvelle-Écosse, mais d’autres sont originaires des États-Unis ou des Antilles britanniques. L’aumônier de l’unité, le révérend W. Andrew White, est le seul capitaine noir du bataillon – et l’un des rares officiers noirs des Forces armées canadiennes pendant la guerre.
Source : Avec la permission de la collection du lieutenant-colonel D. H. Sutherland, River John (Nouvelle‑Écosse)
Le 28 mars 1917, le bataillon lève l’ancre à Halifax à bord du SS Southland en direction de Liverpool, en Angleterre, où il arrive le 7 avril. Sur place, l’unité est réorganisée en compagnie de travail et rebaptisée 2e Compagnie canadienne de construction parce qu’il n’y a pas assez de membres pour former un bataillon.
Le 17 mai, l’unité est déployée en France, dans la région montagneuse du Jura, où elle aide le Corps forestier canadien (CFC) avec les opérations d’exploitation forestière, le transport, la construction de chemin de fer, l’approvisionnement en eau et en électricité et l’entretien des routes. Le bois d’œuvre que les hommes chargent et transportent par voie ferrée sert à garnir les tranchées, à renforcer les postes d’observation et à construire des avions en France. Ces services essentiels contribuent grandement à l’effort de guerre canadien et aident les Alliés dans leur lutte contre les nations opposées.
Source : Avec la permission de la collection du lieutenant-colonel D. H. Sutherland, River John (Nouvelle‑Écosse)
Si quelques soldats du 2e Bataillon de construction combattent au sein d’autres unités du CEC, le bataillon lui-même ne participe pas aux combats. Cela dit, sa contribution – tout comme la fière tradition du service militaire chez les Canadiens noirs – mérite d’être soulignée.
L’armistice est conclu le 11 novembre 1918. La plupart des hommes du 2e Bataillon de construction rentrent au Canada en janvier 1919, et le bataillon est officiellement dissous en septembre 1920.
Un passé à honorer
Il est important de célébrer les réalisations des Canadiens noirs, mais aussi de souligner les combats qui ont marqué l’histoire du Canada.
« [Le 2e Bataillon de construction] a été créé en réponse aux protestations de la communauté noire, qui avait vécu du racisme et de la discrimination quand des hommes noirs avaient voulu s’enrôler », explique Kathy Grant, une historienne et formatrice de Toronto, fondatrice de Legacy Voices – un projet qui assure l’archivage de l’histoire militaire des Canadiens noirs pour la postérité.
« Il est important que [le bataillon] soit mis à l’honneur sur une pièce, car les Canadiennes et les Canadiens pourront maintenant tenir au creux de leur main cette pièce représentant l’histoire militaire des Canadiens noirs. C’est un bon point de départ pour une conversation et c’est un très bel hommage aux soldats eux-mêmes. Ils ne seront pas oubliés. »
Le 9 juillet 2022, le gouvernement du Canada a présenté des excuses formelles pour le racisme et la discrimination subis par les membres du 2e Bataillon de construction.
Malgré le racisme, les membres du 2e Bataillon de construction ont montré une volonté de s’engager sans faille. Un siècle plus tard, leur histoire demeure une source d’inspiration.
« Le 2e Bataillon de construction laisse derrière lui un héritage de labeur, de discipline et de fierté, affirme Kathy Grant. Il est important de préserver et d’honorer l’histoire militaire de notre pays, car ces soldats se sont volontairement enrôlés afin de se battre pour les libertés dont nous jouissons aujourd’hui. Que ce soit au front ou dans des postes de soutien, chacun y est allé de sa contribution, les Blancs comme les Noirs. Ils méritent que l’on se souvienne d’eux. »
Ensemble, rendons hommage à ces braves hommes avec la pièce Commémoration de l’histoire des Noirs : 2e Bataillon de construction – la cinquième pièce de cette série annuelle et la première pièce soulignant l’histoire militaire des Noirs au Canada et l’expérience des soldats canadiens noirs.
Source : © Museum Windsor | Musée Windsor, P6110
Remerciements : Kathy Grant
Née à Montréal de parents barbudiens, Kathy Grant est la fondatrice de Legacy Voices, un organisme qui immortalise l’histoire des Canadiens noirs, en particulier leur tradition militaire.
Historienne, elle donne des présentations pédagogiques dans des municipalités, des écoles et des organismes communautaires, où elle promeut une approche inclusive du récit et des archives historiques.
Kathy s’est récemment vu décerner la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II et le prix Mary Matilda Winslow de l’OBHS en reconnaissance de ses activités de sensibilisation auprès du public.